vendredi 19 juin 2009

À la défense des RP

Trêve de petits plaisirs, j’ai aujourd’hui envie de vous faire part de mon opinion sur la nouvelle série télé Mirador, imaginée par Daniel Thibault et Isabelle Pelletier, qui sera présentée à Radio-Canada en janvier 2010. L’action sera campée dans un cabinet de relations publiques et montrera les dessous de ce milieu en situation de gestion de crise. L’idée est bonne, même excellente. Quand j’ai appris qu’une telle série verrait le jour, j’ai tout de suite voulu en savoir plus.

Évoluant dans ce milieu, j’étais contente qu’on démystifie enfin la profession et qu’on puisse voir concrètement en quoi consistait le métier de professionnel des relations publiques. J’ai vite déchanté quand j’ai réalisé que la série serait nourrie de clichés.

Ce qu’on y verra, c’est le portrait mainte fois brossé du carriériste prêt à tout, même à vendre son âme, pour protéger l’image de son client, un pourri de la pire espèce, parce que bien sûr, les entreprises sont toujours dépeintes comme de gros méchants loups voulant tromper la population, et les relationnistes, comme des manipulateurs experts voulant étouffer les scandales.

Il n’y a qu’à lire les citations ci-dessous tirées de l’article d’Hugo Dumas dans La Presse Docteur Spin, leçons de manipulation pour comprendre le sérieux problème d’image de la profession (voir en gras ce qui me fait particulièrement réagir) :

Droit et intègre, Philippe Racine (Patrick Labbé) croit en la vérité, un mot souvent imprononçable ou banni dans l'univers de la gestion de crise. «Philippe, c'est l'histoire du gars qui essaie encore d'être moral dans un milieu très cynique.

«Philippe se sent responsable. Il réalise que sa job n'a pas de bon sens et part en voyage pendant six mois. Quand il revient au bureau pour démissionner, il est aspiré par une autre crise. Mais cette fois-ci, Philippe pose ses conditions», détaille Patrick Labbé.

«On se fait manipuler de toutes les façons possibles. Il y a toutes sortes d'histoires d'horreur», constate Daniel Thibault. «Et Mirador, c'est un beau véhicule pour raconter ces histoires-là», ajoute Isabelle Pelletier.


En situation de gestion de crise, COMMUNIQUER est essentiel, même vital. Voilà la responsabilité d’un professionnel des relations publiques : tenir informer ses publics sur les enjeux d’une crise, ses effet, et les moyens mis en place pour la régler. Un exemple de gestion de crise : la grippe H1N1. Le rôle du professionnel en relations publiques ? Informer la population sur les causes, les effets, l’ampleur de la crise et les mesures prises. Si faire le choix du message, du ton à adopter et du véhicule de transmission est considéré comme de la manipulation, je demande alors aux pourfendeurs de la profession les mesures qu’ils prendraient de leur côté? Votre mission : informer la population d’une possible pandémie sans créer un mouvement de panique et amplifier la crise. Vous sauriez gérer?

Prenant la logique de Mirador, la communication serait forcément faussée et viserait à tromper celui vers qui elle est destinée. Les relations publiques ont évolué, comme le mentionne Michelle Sullivan dans son dernier billet. Berner son public? Ne même pas y penser!

Je suis très consciente que cette série télé se veut un divertissement, mais je trouve dommage qu’on s’en tienne aux stricts clichés de ce milieu plutôt qu’à la réalité, toute aussi excitante, dont on aurait pu illustrer la complexité et les nombreux défis. Pour faire référence à la citation de Patrick Labbé mentionné plus haut, je trouve que, pour ma part, cette "job" a beaucoup de sens.

Je crois que la SQPRP, en son rôle de représentant des membres de la profession, aurait tout intérêt à se positionner sur la question et à promouvoir le métier de professionnel des relations publiques.

La trêve étant terminée, de retour aux petits plaisirs la semaine prochaine! ;)

12 commentaires:

  1. Merci Mélanie d'avoir si bien expliqué l'immense utilité de la gestion de crise et tous les enjeux, super exitants, qui, effectivement, auraient sûrement pu plaire au public.
    Mais, peut-être était-ce moins "sexy" pour paraphraser une certaine ministre !

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  2. Oui, sans doute est-ce moins sexy. :) Le projet de télé Mirador, qui sera bien sûr une dramatique et qui peut se permettre d'en beurrer épais, m'a tout de même fait réaliser que la profession est encore aujourd'hui très mal perçue. Cette perception est due à une méconnaissance de la réalité d'un professionnel des relations publiques. Un travail d'éducation reste à faire. Mais qui de mieux placé qu'un communicateur pour se charger de cette tâche?

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  3. Nous avons eu Bunker, le Cirque. Vous avez maintenant Mirador.

    La télé québécoise est tellement décevante.

    Les mêmes journalistes qui trouvent que les relations publiques sont de la manipulation nous disent qu'on devrait en engager pour changer l'image de Pauline Marois...

    Dommage que TQS ait abandonné son idée de produire un Scoop II.

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  4. C'est ce qui est ironique avec les journalistes. Ils critiquent souvent les relationnistes, mais ils semblent oublier que le travail de l'un et de l'autre est complémentaire. Je crois qu'ils aiment bien amplifier cette rivalité et se donner le beau rôle.

    C'est en effet dommage qu'il n'y ait pas suite à Scoop! :)

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  5. Patrick Lagacé a écrit sur le sujet dans son blogue dernièrement. Ça confirme que j'aime mieux les relationnistes que les journalistes!

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  6. Est-ce que tu as le lien de son billet?

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  7. http://blogues.cyberpresse.ca/lagace/?p=70723136

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  8. Merci pour le lien! Patrick Lagacé a vraiment une dent contre les relationnistes! Malgré toutes les bonnes explications et commentaires suivant son billet, dont le tien, il s'entête à ne pas vouloir comprendre l'utilité d'engager un relationniste à titre de porte-parole. Maîtriser l'art de communiquer n'est pas donné à tous. Que les réponses viennent d'un relationniste ou d'un représentant de la compagnie, qu'est-ce que ça change? Les réponses seront-elles plus sincères ou plus justes ? Probablement pas. Tant qu'on a les réponses à ses questions, qu'importe qui les donne.

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  9. Beau billet!

    En tant qu'aspirante relationniste, j'étais assez excitée lorsque j'ai entendu parler d'une série qui aborderait les relations publiques. Quelle ne fût pas ma déception de lire ensuite dans les journaux que la série dévoilerait "le côté sombre" des relations publiques...

    franchement! Tout pour empirer l'image que se fait la plupart des gens des relations publiques!

    Au moins une fois par jour, je dois défendre ma future profession:
    "non, je ne serai pas une experte de la manipulation. Je serai une experte de création, de réparation et d'amélioration de liens de confiance".

    Il est assez rare que les gens comprennent vraiment.

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  10. @ une Championne, contente d'avoir une nouvelle lectrice!

    En effet, ça devient irritant d'avoir à constamment défendre la profession. En fait, ça provient d'une simple méconnaissance du rôle concret d'un professionnel des relations publiques. J'aime bien ta définition de la profession « une experte de la création, de réparation et d'amélioration de liens de confiance ». Les liens de confiance, c'est la clé!

    Bonne chance dans ta future carrière de relationniste!

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  11. Tout d'abord, je salut tout le monde ici très chaleureusement.
    Je ne viens pas mettre en doute ce que tu dis, je viens dire ce qu'il en est de l'émission. Je peux te dire que j'ai vu et revu les épisodes. Ils jouent en boucle chez nous. Mes parents étant les auteurs.

    Ça fait plus de 6 ans que mes parents travaillent sur le projet, et le plus clair du temps a été passé sur la recherche d'information. Nous avons des dizaines de livres chez nous. Mes parents ont parlé à beaucoup de relationistes.

    Les acteurs principaux ne sont pas des monstres qui veulent tout faire pour arriver à leurs fin. « une experte de la création, de réparation et d'amélioration de liens de confiance », pour vous citer, c'est exactement ce qu'ils font tout le long de la série. Ils ne viennent pas mentir, ou peu importe.

    Attendez de voir, et après revenez faire un post pour dire ce que vous pensez réellement. Peut-être votre avis ne changera pas, ou peut-être que si :), car je crois que mes parents n'ont pas voulu, excuser le terme, "blaster", les relationistes, mais de montrer ce qu'ils font réellement. Évidemment, tout ne sera pas toujours rose, on se le cachera pas.

    Sur ce, bonne fin de soirée!!!

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  12. Bonjour Gabriel,

    Très contente d'avoir le point de vue de quelqu'un qui connaît de près la série. Il est vrai que mon opinion était basée sur un article paru dans La Presse qui a décrit la série comme voulant montrer les dessous peu reluisant du milieu des relations publiques.

    Je suis très heureuse d'apprendre que ça ne se résumera pas à ça et je serai très certainement une spectatrice de la série! Je ne m'attends pas à ce qu'elle soit rose bonbon, évidemment, mais j'espère seulement qu'elle ne renforcera pas les clichés de la profession. Je reviendrai d'ailleurs donner mes impressions sur ce blogue.

    Merci de ton commentaire!

    Au plaisir,

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